Histoire de
l'association Anai Artea
ANAI ARTEA, dont les deux principaux fondateurs furent Pierre Larzabal, curé de Socoa, ancien résistant et Telesforo de Monzon, ancien ministre de l'intérieur du gouvernement basque de 1936, a vu le jour en 1969 pour venir en aide à la nouvelle vague de réfugiés basques qui fuyaient la répression franquiste.
Cette répression, au delà du front militaire d'E.T.A., visait tous les indépendantistes basques qui, d'une manière ou d'une autre, s'engageaient dans le mouvement de libération nationale. C'est ainsi qu'entre 1969 et 1986, plus de 2000 réfugiés furent aidés par ANAI ARTEA dans leurs démarches administratives pour obtenir le statut de réfugiés politiques. Ce statut était octroyé sans trop de difficultés parce que même la lutte armée d'E.T.A. paraissait légitimée par la dictature franquiste. Ceux que le régime de Franco tenait pour des terroristes étaient des résistants aux yeux de l'Europe démocratique. En 1971 ANAI ARTEA joua le rôle d'intermédiaire dans la libération de M. Beihl, consul allemand à St-Sébastien enlevé par E.T.A.
La monarchie rétablie par Franco étant devenue après sa mort en 1975 une monarchie constitutionnelle "démocratique" et largement décentralisée en "autonomies", la France décréta qu'il ne pouvait plus y avoir de réfugiés politiques basques.
En 1983, pour inciter la France à expulser en masse les réfugiés et "nettoyer" le Pays Basque Nord qui était supposé être le "sanctuaire" d'ETA, des ministres du gouvernement espagnol mirent sur pied le GAL (Groupe antiterroriste de Libération ) dont les tueurs à gages assassinèrent 26 personnes et en blessèrent une soixantaine d'autres. Ce qui constitue encore un record en matière de personnes assassinées sur le territoire de la République à l'initiative d'un pays étranger, voisin et "ami" de surcroît. Et le tout avec des complicités avérées du côté français au sein de l'administration, de la police et de la justice, la Cour d'Appel de Pau libérant des suspects pour des fautes de procédure dont on ne saura jamais si elles furent imaginaires ou réelles, fortuites ou intentionnelles.
1969 - LES MEMBRES FONDATEURS
Les membres fondateurs d'Anai Artea :
- Pierre LARZABAL
- Telesforo MONZON
- Jean BARRENETCHE
- Angel ARREGUI
- Jean LARREGAIN
- Jean FAGOAGA
- Paul FAGOAGA
- François ETCHEZAHARRETA
- Pierre HALSOUET
1970 - Procès de Burgos
Anai artea participe à l'organisation de manifestations en faveur des condamnés à mort du procès de Burgos. L'émoi des démocrates de part le monde est immense.
Anai artea eut le difficile rôle d'intermédiaire entre ETA et les pouvoirs publics dans la libération du consul BEIHL, pris en otage. La condition fut que la vie du consul soit respectée.
Original du courrier d’Anai Artea adresssé à Jacques Chaban-Delmas, premier ministre.
1977 - Chiberta : une occasion historique perdue pour la paix
Franco venait de mourir (1975), Telesforo Monzon réussit le tour de force de réunir tous les partis basques et les organisations armées autour d'une table à l'hotel du golf de Chiberta à Anglet. L'objet des 5 réunions qui se suivirent en ce printemps 1977 était : "Comment arriver à créer un front commun face à Madrid afin de donner une solution politique à Euskadi".
Les intérets des uns et des autres étaient trop puissants, les élections trop proches, il manquait du temps pour se connaitre et arriver à un accord. Chiberta fut une occasion historique perdue pour la paix.
Lors de la dernière réunion, la rupture consumée, Telesforo Monzon eut ces paroles prophètiques :
"Modu batera edo bestera, honelako bide bati lotzen ez garen bitartean, euskaldunok jai dugu." ("d'une façon ou d'une autre, il faudra que les basques se retrouvent, s'ils veulent avoir un avenir").
Telesforo Monzon meurt à St Jean de Luz le 8 mars 1981. Ses obsèques nationales ont lieu à Bergara, sa ville natale.
A l'occasion du centenaire de la naissance de Télesforo Monzon, Anai Artea avait organisé le 11 décembre 2004 à Hendaye une rencontre avec certains acteurs qui participèrent à ces entretiens. "Que s’est-il passé à Chiberta en 1977 ?"
1986 - Un réfugié, un toit
3 octobre 1987 - Grande rafle sur le pays basque
300 arrestations ont lieu ainsi que 120 perquisitions dont les locaux de l'association. Le bilan est très parlant :
- 50 réfugiés sont déportés dans les 4 coins du monde, en particulier en Amerique Latine.
- 200 réfugiés sont remis aux mains de la police espagnole. Beaucoup dénonceront y avoir été torturés.
- 27 réfugiés et 9 citoyens français seront emprisonnés. Et tout ceci en "urgence absolue", une législation datant de Vichy.
Anai-Artea réagit vivement dans un communiqué du 06/01/87, lequel communiqué se termine :
"Tous les réfugiés seraient-ils expulsés que le problème basque, le fait politique basque resterait entier. La répression ne résoudra pas le probléme. Il est grand temps que ceux qui détiennent le pouvoir cherchent les voies d'une paix négociée."
Anai-Artea rend hommage à Pierre Larçabal le 30/10/88.
1983-1987 - Anai artea sous la menace du GAL
La répression aveugle s'abat sur la communauté des réfugiés et de ceux qui les soutiennent. Auparavant l'opinion publique est bien travaillée. La faute de tous les malheurs, ce sont les réfugiés. Les réfugiés et ceux qui les fréquentent sont devenus du gibier pour les barbouzes du GAL. Anai artea se sent visé.
Jamais dans l'histoire de France, il n'y eut dans un si petit territoire, en un temps si court, autant de crimes commis par les barbouzes commandités par le gouvernement de Félipé Gonzalez avec la complicité de l'administration française. Le bilan c'est 40 attentats, faisant 29 morts, 3 enlèvements suivis de meurtre, autant de tentatives d'enlèvements, 30 blessés dont certains très gravement.
1992 - Anai artea inquiété par les autorités
Des membres d'Anai artea sont jetés en prison pour avoir aidé et hébergé des réfugiés basques, pour avoir tenu la parole "un réfugié, un toit". Leurs demeures sont perquisitionnées avec une sauvagerie inouie.
1995 - Procés de l'hospitalité
C'est l'un des plus grands procès politique en France depuis les affaires du FLN algérien. 81 personnes (basques et bretons) étaient citées à comparaitre ce lundi 13 novembre devant la 12ème chambre correctionnelle de Paris Leurs crimes : avoir accordé l'hospitalité à des basques, fuyant la police espagnole pour les uns, avoir cherché refuge hors de l'état espagnol pour les autres.
Des membres d'Anai Artea faisaient partie du lot, ils étaient aux premières loges, les promoteurs de la campagne "un réfugié, un toit".
Maitres de Felicé, Jacques Maury, Maurice Barth, Madeleine Réberioux, Antoine Sanguinetti étaient venus témoigner.
Maitre De Félicé démarre sa plaidoirie "Honneur au peuple basque , Honneur au peuple breton" :
"Les faits reprochés (accueil des réfugiés, soutien à la lutte du peuple basque) devaient s'inscrire dans l'estime et non dans le mépris. Des solutions de paix ne seraient jamais trouvées sans reconnaissance de la dignité et du courage de l'adversaire.Toutes proportions gardées, l'idée bien exprimée par le Général De Gaulle au moment de la guerre d'Algerie : la paix des braves. Un procès politique énorme, que je quitte avec le sentiment du devoir inaccompli."
Maitre de Felicé.
1996 - Première campagne "Presoak Itzuli"
Première campagne pour le rapprochement des prisonniers politiques Basques.
Edition d'une brochure présentant le soutien des élus locaux pour le rapprochement des prisonniers et le retour des réfugiés assignés à résidence.
1997 - le lobying d'Anai Artea
Retour des assignés à résidence.
Anai Artea est sollicité par les représentants des assignés à résidence pour faire l'intermediaire d'avec les pouvoirs publics. Anai Artea organise une conférence de presse à laquelle participe Mgr Gaillot, où les assignés annoncent leur décision de revenir au pays et envisagent d'occuper une chapelle de la cathedrale de Bayonne. Des témoignages de solidarité affluent de tous côtés. Les médias sont mobilisés.
"J'ai traversé la France pour dire, en Pays Basque, ma solidarité aux assignés à résidence et saluer leur courage. Ils ont franchi un grand pas. Ils ont pris des risques. Je leur rends hommage...."
Mgr Gaillot
Près de cinq milles personnes manifestent à Bayonne pour le droit de vivre en Pays Basque.
2002 - Deuxième campagne pour le rapprochement des prisonniers
La majorité des conseillers généraux du pays basque appui la pétition pour le rapprochement des prisonniers politiques basques.
Edition d'une brochure.
2006 - Troisième campagne pour le rapprochement des prisonniers - L'archipel Franco-Espagnol.
Les deux tiers des conseillers généraux du pays basque ainsi que deux députés sur trois appuie cette démarche.
Le 22 mars 2006 E.T.A. déclare le cesser feu permanent soulevant un immense espoir de paix au Pays Basque .
"ANAI ARTEA, 1969-2021 Elkartearen historia"
Un ouvrage unique de Txomin Hiriart-Urruty sur l'association ANAI ARTEA !
"Liburu hau ez da elkarte baten historia baizik. Garai baten lekukoa da eta ofizialki baita isilean eramandako lana kondatzen du. Emazte eta gizon batzuen bizipen eta ikuspuntuak ditu oinarri."